Shaar Hashomayim

1886 - 1922
2039 McGill College, Montréal

Shaar Hashomayim fut la deuxième synagogue fondée à Montréal après Shearith Israel, dont elle se dissocia en 1846. Ses premiers membres s’étaient réunis dès 1834, mais ils ne purent obtenir une charte légale avant 1846. La rupture entre les synagogues Shaar Hashomayim (ashkénaze) et Shearith Israel (sépharade) se produisit dans un contexte marqué par l’arrivée d’immigrants ashkénazes à Montréal. Peu au fait des traditions sépharades, les Ashkénazes se sentaient traités de haut par les Juifs sépharades fortunés. De 1846 à 1859, la congrégation Shaar Hashomayim se réunit dans un édifice séculaire situé dans la rue St-James. Puis, une synagogue fut construite en 1859 au 41 rue St-Constant, aujourd’hui la rue De Bullion. Avec le temps, la congrégation Shaar Hashomayim devint une institution établie. En 1886, elle suivit le mouvement vers l’Uptown qu’entreprirent les Juifs à l’aise et elle déménagea dans une nouvelle synagogue située dans l’avenue McGill College. Jusqu’en 1918, elle conserva le nom de Congrégation anglaise, allemande et polonaise.

Pendant longtemps, la congrégation a souffert de l’absence de leadership religieux. Moses Aaron Vineberg, le plus grand commerçant de fourrures au Canada, devint un dirigeant séculier dans la communauté lorsqu’il occupa le poste de président de la congrégation durant les années 1890. Cette situation difficile dura jusqu’en 1902, moment où le rabbin Herman Abramowitz devint le rabbin de la congrégation, un poste qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1947. À cette période, la synagogue Shaar Hashomayim, de tradition orthodoxe, se joignit au courant judaïque conservateur et elle trouva son inspiration dans le Jewish Theological Seminary de New York.

Si plusieurs dirigeants de l’Uptown fréquentaient la congrégation, celle-ci ne participa guère aux débats qui opposaient les Juifs de l’Uptown (les industriels fortunés) à ceux du Downtown (les ouvriers immigrants démunis). Cependant, au cours des années 1920 et 1930, les membres de la congrégation votèrent une résolution pour s’opposer au projet d’une commission scolaire juive séparée.

Suivant le mouvement de la population juive, qui se déplaça vers l’ouest de la ville, la congrégation Shaar Hashomayim déménagea pour la dernière fois en 1922 dans une nouvelle synagogue située au 450 Kensington à Westmount. Après Abramowitz, le rabbin Wilfred Shuchat dirigea l’institution de 1948 à 1993. Au fil des ans, les services à la congrégation Shaar Hashomayim sont demeurés davantage austères et traditionnels que ceux de la majorité des synagogues en Amérique du Nord, voire dans le monde. Encore aujourd’hui, certains dignitaires qui la fréquentent portent des chapeaux haut-de-forme! De plus, sa chorale et ses pratiques cantoriales sont peu usitées dans les autres synagogues, à caractère moins formel. Malgré le désir de conserver son aspect traditionnel, la synagogue Shaar Hashomayim est devenue perméable à de nouvelles idées. Elle s’est ouverte aux autres courants spirituels de la communauté juive, qui est devenue de plus en plus diversifiée au cours du siècle.

Aujourd’hui, la synagogue n’est affiliée à aucun mouvement. Sur le plan de la pratique religieuse, elle reflète un courant du judaïsme ni conservateur ni orthodoxe.

Par Valérie Beauchemin

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Liens

Congrégation Shaar Hashomayim
Résau canadien du patrimoine juif - Congregation Shaar Hashomayim
Réseau canadien du patrimoine juif - Congregation Shaar Hashomayim Museum and Archives
VIEW-10763 | La synagogue Shaar Hashomayim, au 59, avenue McGill College, Montréal, vers 1910-1911

Sources

A Brief History of Congregation Shaar Hashomayim

King, Joe (2009), Fabled city: the Jews of Montreal, Montréal, Éditions Price-Patterson Ltd.

Shuchat, Wilfred (2000), The Gate of Heaven: The Story of the Congregation Shaar Hashomayim of Montreal, Montréal, McGill-Queen’s University Press.

Tulchinsky, Gerard J.J. (1993), Taking Root: The Origins of the Canadian Jewish Community, Hanover, Brandeis University Press.

*Les images sont une gracieuseté des Archives de la Bibliothèque publique juive de Montréal, des Archives nationales du Congrès juif canadien, Comité des charités et du Musée et des archives de la congrégation Shaar Hashomayim.

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